• Je me demande si parfois nous n'avons pas besoin de trouver nos propres mots.

    Je trouve que l'industrie du développement personnel ne laisse pas beaucoup, ou pas du tout, de place à la liberté.

    Je trouve que globalement ça va très vite, trop vite, conclusions hâtives, associations d'idées ou interprétations à l'emporte-pièces. Ca en emporte des "pièces", ça, sans aucun doute, des morceaux de réflexion, des pans profonds de compréhension, des chemins intérieurs d'écoute et de perception sans certitude ou "point final".

    On a l'impression que finalement ça les emmerde tous ces gens de s'écouter vraiment, et de parler d'intériorité. En fait ils semblent faire comme partout, jusque dans l'industrie la plus terre à terre qui soit : chercher des solutions rapides, simples, pas chiantes ni coûteuses, et qui rapportent beaucoup et tout de suite, au moindre problème, à la moindre anicroche dans le "bon déroulement comme on voudrait", ça va chercher des phrases toutes faites, des pseudo-solutions généralisantes. Si avec une seule phrase on pouvait réduire toute la vie et se sentir toujours en paix, pas vrai ?

    Mais ça ne marche pas.

    La vie vit. Et autour de soi desfois c'est pas très, ou pas du tout, marrant ni facile. Et y'a pas de phrase qui peut faire arrêter ça ou éviter ce qu'on ressent par rapport à ça. A moins de faire des raccourcis rapides, tout éluder, ne plus rien écouter et finalement ne plus rien entendre.

    Je pense que nous avons peut-être besoin parfois de trouver nos propres mots. Quitte à les inventer peut-être ? Ceux qui ne sont pas prédéfinis, préformatés, empreints de tellement de jugements préimprimés ou de mélanges de tout et tout le monde.

    Au risque d'affirmer trop radicalement quelque chose, au risque que ça heurte quelqu'un, alors que j'essaye généralement de respecter les besoins des gens, après tout chacun poursuit la quête qu'il souhaite, au risque de ça, pour une fois : je pense qu'il est beaucoup plus important d'être soi, que d'être "toujours calme" ou "toujours comme ceci ou cela" ou même "se sentir toujours bien et être toujours content".

    Parfois on est remué. Et alors ?

    Souvent on est touché. Et alors ?

    On peut avoir besoin de calme, de paix, comme d'un tas d'autres choses. Je ne suis pas la dernière à aimer le calme, certainement pas.

    Mais écraser tout le reste avec ça, vouloir tout lisser, jusqu'à rejeter implacablement tout ce qui fait la moindre vague ? Vraiment ?

    Et il reste quoi à la fin, de soi, sincèrement et authentiquement ?

    L'escargot-plik

     


  • Pourquoi un gros fuck à ça ?

    Parce que ça n'a aucun sens et parce que c'est anti-empathique.

    NB : En préambule, je veux malgré tout dire que je rassemble ici des réactions diverses que j'ai pu avoir, sur la multitude de déclinaisons de cette expression très répandue et la multiplicité des sous-entendus qu'elle véhicule. Je pense que dans certains cas, et selon une certaine démarche, cette expression véhicule simplement quelque chose qui aide des personnes à se respecter et à rendre leur vie plus paisible, sans se contraindre, au contraire. Je ne mets donc pas tout dans le même panier, et je ne veux pas que des personnes qui ont besoin de puiser dans certaines techniques trouvées sous la bannière de "gestion du stress" pour prendre soin d'elles se sentent attaquées par cet article car ce n'est justement pas le propos. Le propos est l'inverse : de mettre en cause tout ce qui alimente l'auto-jugement et le non respect de soi dans ce qui est intitulé "gérer son stress".

    Aucun sens :

    La "gestion" relève du vocabulaire administratif, la première définition de "gérer" c'est gérer un bien, et ça veut dire "administrer".

    Etymologiquement, "gérer" vient du latin "gestum/gerere" qui veut dire "porter sur soi, avoir, garder".

    Alors certes c'est assez cohérent avec les significations habituelles de "gérer le stress" autrement dit "se le garder", "pas faire ch.er les autres avec". En ce sens, on est bien dans l'idée de "porter sur soi".

    Mais ça n'a pas de sens pour autant car le stress est un sentiment, on est dans la sphère émotionnelle et sensible, on ne "gère" pas un sentiment, on n'administre pas un ressenti comme on gère une entreprise, une maison, ou quoi que ce soit de matériel.

    Anti-empathique   :

    C'est le prolongement de ce que je viens de dire, avec en plus le fait que bien souvent cette expression est employée pour dire, en somme, "fais pas ch.er, gère ton stress".

    Il y a aussi bien souvent l'idée sous-jacente que "le stress c'est pas bien", donc bon, puisqu'on en a, hein, ok, ou plus exactement puisque "vous" en avez, "on va vous expliquer comment le gérer".

    Derrière "gérer le stress" il y a souvent l'idée de le faire disparaître, mais pas par la bonne porte, pas par une porte d'écoute et de respect de soi, plutôt par une porte de "ce truc dérange, voilà comment le faire dégager, de force s'il faut".

    Le stress n'est pas spécialement agréable, certes. Mais comme pour tout ressenti, essayer de le nier ou le rejeter, à terme, n'a pas des effets très fabuleux en général. Ca revient, d'une autre manière, ou bien ça s'amplifie, enfin bref, ça essaye de dire quelque chose et on lui ferme la porte à la gueule, donc ça réessaye, autant de fois qu'il faut. Et comme c'est en soi, il est plutôt difficile d'y échapper définitivement, à moins de se couper de soi.

    Par ailleurs, le "stress" comme on l'appelle souvent n'est pas toujours du vrai "stress". Le stress est un ressenti précis, particulier. Quand on écoute attentivement, dans certaines situations en effet on peut dire qu'on ressent du stress. C'est ce ressenti et pas un autre.

    Mais dans la manière dont ce mot est employé un peu partout, il devient générique et on ne sait plus vraiment si "stress" veut dire stress ou juste "ensemble de trucs qui m'agitent" ou "absence de calme".

    Le problème est qu'en n'étant pas clair sur ce qu'on ressent, il est encore plus difficile de le soigner, l'écouter, lui donner une place ou entendre ce que ça veut dire, profondément, pour soi.

    Enfin, parler de "gestion du stress" comme de "se démerder avec quelque chose qui nous casse les pieds, mais qui est là", relève aussi d'une résignation presque pourrait-on dire. Le mot est sans doute un peu fort, mais si on se contraint à "gérer son stress" c'est peut-être parfois qu'on ne pense même pas qu'on pourrait tout simplement ne plus en ressentir autant. Non pas en s'en empêchant, évidemment, mais en avançant vers quelque chose qui nous convienne mieux.

    Je ne dis pas que c'est toujours possible, ni facile, ni simple, je n'ai pas pour habitude de dire que "y'a qu'à", pas du tout. Simplement je pense qu'en se coupant de la source d'information, qu'est le ressenti tel qu'il est, en l'occurrence par exemple le "stress" (précisément ou dans un sens dérivé), on ne peut pas savoir s'il y aurait éventuellement d'autres solutions pour non pas "gérer le stress" mais en supprimer certaines causes extérieures, ou en soigner certaines causes intérieures.

    Je pense qu'on n'incite pas les gens à se respecter de manière simple et à avoir une certaine douceur envers eux, avec toutes ces histoires de "gestion du stress".

    Et je pense que plutôt que de véhiculer continuellement du contrôle de soi, les sphères prétendant vouloir aider les personnes à s'épanouir devraient apporter de réels soutiens pour s'écouter, se respecter, se comprendre.

    Et si je poussais le bouchon un peu loin sans doute, je ne serais pas loin de penser qu'une bonne partie du "développement personnel" est dérivé ou réutilisé par un mécanisme social voire économique ou politique, qui tend non pas à épanouir réellement, mais bien à "gérer" des individus d'une manière acceptable pour un collectif et une société. De même que les religions ont été largement utilisées pour contrôler les foules finalement. Je ne dis même pas que ça soit conscient, à part peut-être à certains endroits, mais finalement à plein d'endroits plutôt que de se soulever, on "gère son stress". Ah. Et donc ? quand est-ce qu'on change le système si tout le monde "gère son stress" pour arriver à le supporter alors qu'en fait, il est inhumain ?

    Je vais certainement un peu loin, mais il y a une chose dont je suis sûre, c'est que les grands combats de société ne se sont pas menés par la gestion du stress, et que ces combats nous ont permis, à nous aujourd'hui, d'avoir gagné des droits que les générations d'avant n'avaient pas. Et que si, par exemple, les féministes avaient "géré leur stress" plutôt que de commencer à se rebeller contre les inégalités, le fait que les femmes servaient de boniches, etc etc. eh ben.... pas mal des charmantes auteures actuelles de jolis bouquins d'"auto-ferme-ta-gueule-ma-biche" n'auraient même pas le droit d'écrire un livre en leur nom propre.

    Alors bon.... faudrait peut-être un peu laisser les gens vivre, et leur offrir des moyens d'aller VRAIMENT mieux, pas des béquilles pour mieux accepter de marcher avec trois tonnes de trucs sur le dos.

    Le "stress" comme tout sentiment est un ressenti qui mérite le respect intérieur, et une écoute, pour comprendre et entendre ce qu'il a à dire. Et ce, de manière posée, et pleine, parfois ce n'est pas tout à fait ce que l'on en pense, et parfois même si c'est ce que l'on en pensait (trop de boulot, trop de choses à faire.....par exemple), écouter en profondeur, s'autoriser ce temps, cette vie intérieure, l'accès aux besoins que nous avons, peut être un bienfait important et nécessaire.

    L'escargot-doups (cherchez pas, ça veut rien dire de plus, parfois des onomatopées me traversent la tête, c'est comme ça, parfois plus explicites que plein de mots, juste un "dloups" qui passe :) )

     


  • Il y a des gens qui s'agrippent à vous comme des gros poids bien lourds, et qui prônent le "vas-y relâche-toi, amuse-toi", "surtout ne t'occupe pas de ce qui est important", "coooool"..... etc. parce qu'ils n'ont simplement pas envie d'être tous seuls à rien foutre, ou pour d'autres raisons qui les regardent.

    Ce genre de comportement toxique peut avoir vraiment des effets graves, selon à qui ils s'agrippent.

    Souvent les gens qui font ça se doublent d'une espèce d'attitude faussement respectueuse de la liberté de l'autre, "non mais il suffit/suffisait de me dire de partir, je respecte ta liberté man pas de problème....".

    Sauf que ce n'est pas vrai, parce que quand on respecte l'autre, on fait attention et on développe une certaine prévenance aussi, y compris celle consistant à ne pas obliger quelqu'un à défendre tout le temps son espace. Quand on respecte les gens, on sait aussi s'effacer et simplement ne pas peser, ne pas poser son cul au milieu en "laissant à l'autre la liberté de dire "va-t-en"".

    C'est trop facile. Et ça peut se doubler dans les cas les plus venimeux de gens qui vous balancent la responsabilité à la gueule de ne pas les avoir mis dehors, alors que ce sont eux qui clairement squattaient (quelle que soit la manière, physique ou psychologique / émotionnelle  ...)

    Quand on envahit quelqu'un, c'est à dire qu'on s'impose, qu'on prend toute la place, qu'on vient poser son gros cul dans la vie de quelqu'un sans en avoir rien à foutre au fond de le déranger ou de ne pas lui faire de bien, sans l'écouter ni avoir d'empathie pour lui/elle, en essayant de lui imposer ce qu'on pense, une manière de vivre ou une pseudo-philosophie, et dans ce cas précis en déniant ses besoins par exemple en essayant de tirer vers "non mais c'est pas si important, vas-y lâche l'affaire, viens faire un game", on est responsable de cette invasion. Et il y a quelque chose de profondément nocif dans ce que ça peut avoir comme conséquences.

    Ca surfe sur une espèce de facilité aussi, qui se fait passer pour une philosophie, et qui met des bâtons dans les roues aux autres, pour qu'ils ne travaillent pas, ne fassent pas d'efforts, etc.

    Pouvoir se reposer, se relâcher ou s'amuser n'a rien à voir avec le fait de ne jamais produire aucun effort ni faire face à aucune difficulté.

    Par ailleurs, nos défis, nos nécessités au fil de la vie, ne sont pas toujours tendres, et autant il peut être possible de les dépasser, autant ça peut demander un effort. Parfois cet effort est si important, parfois il faut des ressources et de l'encouragement si importants pour affronter certaines difficultés ou pour traverser certaines blessures, que c'est véritablement dégueulasse d'agir dans l'autre sens en essayant de saper la volonté ou la persévérance avec toutes sortes d'attaques ou de dénigrements de manière directe ou pernicieuse.

    Quand on aime quelqu'un on le soutient dans les efforts qu'il a à fournir aussi pour que sa vie soit meilleure, dans le sens qui lui tient à coeur. Quand on aime quelqu'un, on le respecte dans ses besoins, et on s'applique à aider si on le peut et soutenir, plutôt que décourager, tirer vers le bas, et pomper l'énergie vitale de l'autre dont il a besoin pour avancer.

    Personne n'a besoin de rencontrer des gens comme ça, mais ça existe, et on en rencontre de temps en temps, sans doute plus ou moins selon les "milieux" ou environnements où l'on traîne, je ne sais pas. Pour ma part j'en ai rencontré un dans les milieux new age (fabrique de fainéantise ++ ; généralement le seul effort produit ne va pas dans le bon sens puisqu'il consiste à s'auto-dénigrer et rabaisser), qui fréquentait aussi les milieux du jeu, notamment en ligne.

    J'en ai aussi rencontré un plus tard dans mon boulot, dans un environnement salarié donc (pas forcément très difficile d'accès ceci dit, ni très exigeant en termes de rendu).

    Dans les deux cas c'était le même schéma sur certains plans : l'air faussement cool, le mec qui se la joue innocent style "non mais c'est toi qui te prend la tête, moi je veux de mal à personne, je fais de mon mieux, pourquoi tu m'agresses....", et très moralisateur "ouais tu sais dans la vie blablabla...".

    Dans les deux cas ces mecs rabaissaient aussi constamment leur entourage, d'une manière franchement proche des pervers narcissiques : attaques déguisées en plaisanteries, renvoi de toute responsabilité, voire victimisation ou attaque encore plus virulente quand on s'approchait de trop près de leurs comportements et leur responsabilité.

    Dans les deux cas ces mecs ont fait un mal absolument ahurissant autour d'eux.

    La première fois, je l'ai pour ma part subi de plein fouet, le mec se prétendait mon "ami", un ami qui vous critique dès que vous avez le dos tourné, qui essaye de décourager tous vos efforts quand il trouve que ça s'agite trop ou que c'est pas assez "cool", et j'en passe. Ca fait plusieurs années et j'en ai encore des séquelles importantes parce que je me battais pour m'en sortir à cette époque-là, intérieurement, psychiquement, pour réparer mon intégrité et me respecter, avoir simplement le droit d'exister, au-delà de toute la connerie d'un entourage qui me faisait douter de moi à chaque fois qu'ils ouvraient la bouche.

    Autour il y avait d'autres gens à qui il faisait du mal de manière plus ou moins implicite, des gens qui avaient des liens avec lui plus anciens et qui manifestement ne voyaient pas tellement ou pas complètement cette façon de faire. J'ai lâché aussi comme je pouvais vis à vis de ces gens et je suis partie, parce que la nocivité par personne interposée c'est bien glauque aussi et tout à fait réel. Et puis il y a aussi la peine de voir des gens se faire embobiner et bouffer alors qu'ils auraient besoin de toute leur énergie parce qu'ils ne vont pas très bien non plus, et qu'ils ont des choses à faire dans leur vie, et plein de potentiel. 

    La deuxième fois, je l'ai vu agir et j'ai essayé d'éviter tout contact. J'ai plus ou moins pu, mais en tout cas je n'étais pas personnellement concernée, hormis au travers des dégâts dans le collectif de travail. Ces dégâts ont été considérables. Le service avait déjà un certain nombre de failles, qui ont rendu la sape encore plus facile, en à peu près un an, tout était divisé, il s'était fait quelques alliés parmi des nouveaux notamment, le mec savait très bien faire le sympa qui engage la conversation et qui "s'intéresse à ce que font les autres", et prendre un air semi-plaisantin semi-sérieux-condescendant. Ce type était une pourriture, et il n'a pas fini de nuire, pour ce qui me concerne je suis partie de cet environnement qui manquait déjà beaucoup d'intégrité et donc n'avait aucune force pour résister à l'action d'un mec comme ça. Dans un environnement professionnel comme ça, et hors des affinités personnelles qui s'y développent, il est probable que le temps révélera plus sûrement qu'autre chose les mensonges, et les plus bosseurs et sérieux de la boîte finiront par se distancier quand ils verront le gouffre entre les paroles et les actes, et la fainéantise qui est dessous. Et probablement qu'à moins de faire d'énormes conneries, il gardera aussi quelques fidèles, qui continueront de le plaindre, et même de le "soutenir" (mais à faire quoi à part répandre du venin ? ça c'est un mystère....).

    Dans les deux cas, il y avait quelque chose de foncièrement malhonnête,- et un égoïsme absolument monstrueux caché sous des airs de mec trop cool. 

    Pour ce qui me concerne, je pense que la seule lutte possible contre des gens comme ça c'est de pouvoir faire corps et être assez solides pour leur opposer des limites et ne leur laisser aucune faille où s'engouffrer, mais collectivement cela demande une cohésion énorme, et ça arrive très rarement à mon sens. Ca veut pas forcément dire leur rentrer dans le lard systématiquement, je crois que ça dépend des cas et que dans certains cas ça peut n'avoir aucun effet voire provoquer encore plus de toxicité. Ca peut être aussi de les ignorer et de ne leur laisser aucune prise, de partout qu'ils se tournent, pour que leur petit jeu ne marche sur personne. Mais globalement je ne suis pas sûre qu'il existe de recette et comme toujours de toute manière je ne crois pas aux généralités ou à des méthodes absolues.

    Une seule chose me paraît certaine, quand on tient à son intégrité, c'est qu'il faut se préserver de la compagnie de gens comme ça. Pour ma part je ne crois pas qu'à ce degré-là de toxicité ça puisse être totalement inconscient, c'est à dire le mec (ou la nana) qui est complètement à l'ouest et qui se rend réellement pas compte qu'il dénigre les autres et qu'il fuit toutes ses responsabilités. Dans les deux cas que j'ai rencontrés et décrits ici, les manipulations étaient trop nettes et les accusations beaucoup trop soignées.

    Je ne souhaite à personne de rencontrer des gens comme ça, malheureusement je pense comme je disais que même si ce n'est pas tous les jours, ça arrive à un moment ou un autre. Je pense que l'important, primordial, c'est de pouvoir les reconnaître pour préserver son énergie, et éviter tout lien personnel et affectif avec eux. Si vraiment on veut jouer les bons samaritains on peut toujours essayer de leur dire ce qu'ils font, et de leur opposer une limite claire, au cas où ça les "réveille". Mais franchement je crois qu'il faut le faire sans aucune illusion, parce que dans bon nombre de cas, à mon sens c'est conscient en partie donc s'ils/elles avaient envie de changer de façon de faire, ils/elles le feraient, au moins en partie, avec quelques pas qui montrent une certaine sincérité.

    De plus, il faut faire attention aux retournements possibles, et à la réutilisation de ce qu'on dit. Une manière d'essayer d'anesthésier la personne en face c'est aussi de faire faussement sa remise en question, ce qui permet de se poser encore plus en victime derrière.

    Bref en somme faire vraiment attention à soi, et ne pas minimiser ce qu'on ressent quand on perçoit des attitudes comme ça. On peut rester en recul si on ne veut pas se déterminer trop vite ou qu'on n'est pas très sûr, attendre de voir si d'autres choses confirment dans le même sens, ou pas, écouter si on se sent mal à l'aise, si "quelque chose ne va pas", "quelque chose sonne faux", ou si on se sent en sécurité réellement, en tant que personne, et aussi, pour finir : faire attention aux gens qui minimisent ou qui dénient l'existence de comportements aussi toxiques. Chacun a ses raisons pour minimiser ou dénier, mais par contre ça n'apporte pas de soutien dans la protection, donc d'abord, se protéger, discuter ou argumenter éventuellement seulement après. ; ou bien laisser tomber. Question de situation et de choix personnel.

     


  • J'étais - je suis - quelqu'un de très spontané.

    Mais avec le temps, et les claques dans la gueule, j'ai appris à ne pas dire pas mal de choses en dehors des personnes en qui j'ai confiance (parce que pas de jugement, de critique gratuite ou autres aigreurs que nombre d'humains se balancent à la figure).

    Ce n'est pas uniquement l'expression de ce qui "ne va pas" (pour résumer) qu'il m'a fallu protéger, mais aussi celle simple de la joie de vivre, parce que, même si ça paraît complètement aberrant et dingue, on peut aussi se faire casser, et méchamment, lorsqu'on est juste joyeux.

    Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas, qui ne pensent même pas semble-t-il, à prendre du recul sur leur agacement ou leur incompréhension, se dire que le fait que quelque chose les soule ou les perturbe n'est pas forcément une vérité absolue, peut-être juste une réaction personnelle, et que c'est pas une raison pour démolir la personne en face.

    Etc...

    En somme j'ai appris à me protéger des réactions essentiellement de projections ou de rejet, qui sont légion dans un paquet d'interactions humaines.

    J'ai eu ma dose, et j'en ai assez fait l'expérience, pour voir que discuter avec ça ne sert strictement à rien quand la personne en face ne veut pas relativiser son regard, ou entrer en vraie relation, écouter, ouvrir quelque chose. Je n'ai connu quasiment que ça dans ma famille, des deux côtés, et j'ai essayé à peu près tout et n'importe quoi pour péter ces murs de jugement, de catégorisation, et j'en passe. Rien n'y a fait, parce que rien n'y fait. On n'est pas dans la tête des gens et on n'a pas de pouvoir de les faire changer ce qu'ils pensent, et qu'ils vont soutenir mordicus et essayer d'y faire adhérer à la personne concernée sur elle-même.

    J'ai pensé que c'était surtout ma famille, qui me semblait un peu bizarre.

    Mais c'est assez général en fait. Ca se trouve un peu partout dès lors que quelqu'un n'a pas de recul et balance sans réfléchir tout ce qui la traverse (sans même réaliser que ça la traverse bien souvent...).

    Je n'aime pas beaucoup les humains après tout cela. Par effet de statistique disons. J'aime l'humain, mais je ne vois pas beaucoup de gens vivre et exprimer l'humain, dans leurs actes, leurs réactions, leur écoute, leurs paroles.....

    Au point de départ ça me chagrinait vraiment de ne pas pouvoir exprimer qui je suis sans cette vigilance selon les gens à qui je m'adresse. J'aime l'authenticité, la liberté, et je trouve ça tellement débile ces espèces de cloisons sclérosées sur le monde des émotions et de l'existence individuelle de chacun, que je ne voulais pas passer dans ce mode de protection.

    Jusqu'à ce que les blessures et les attaques régulières, de toutes formes, se soient assez empilées pour que je laisse tomber tout attachement aux relations, pour mettre en priorité mon intégrité, ma liberté et simplement moi. Pour pouvoir vivre. Si c'est avec certaines personnes, naturellement, tant mieux. Si c'est sans, tant pis.

    Et je ne le dis pas trop fort, parce que quand on défend son intégrité, en général y'a des gens qui ne le prennent pas trop bien. Il vaut mieux les laisser là où ils sont, pendant qu'ils continuent à critiquer, gnagnater et ne pas comprendre en plus pourquoi on n'a pas envie de les cotoyer...

    L'escargot-qui-veut-vivre


  • Je médite et me reviennent tous ces gens que j'ai croisés, ou tous ces bouquins que j'ai lus, qui vous culpabilisent ou vous écrasent dès lors que vous êtes stressés, pas bien, pas "super zen comme il faut", et j'en passe.

    Je repense à tous ces gens qui manifestement ne sont pas "zen" du tout autant qu'ils le prétendent et qu'ils prétendent en faire la leçon, puisqu'ils sont visiblement exaspérés à entendre le moindre mal-être, la moindre douleur ou le moindre stress ressenti par une autre personne.

    Combien de fois j'ai carrément laissé tomber la lecture de bouquins, de différentes disciplines (yoga, qi gong, par exemple) parce que la pratique était carrément polluée dans la façon de l'expliquer par des jugements à peine voilés ou des espèces d'attaques globales, de certitudes balancées comme si tous les lecteurs étaient forcément des imbéciles ou des gens de mauvaise volonté qui "ne font forcément pas ce qu'il faut, hein, pour régler les problèmes de leur vie et pour aller mieux, d'abord".

    C'est tellement perceptible cet énervement ou cet agacement sous-jacent, cette absence de paix simple, qui est capable de laisser exister la personne en face sans pontifier, de se reconnaître potentiellement en elle, de reconnaître un lien humain y compris dans le stress, la difficulté, la vulnérabilité.

    Manque d'empathie, manque de respect, je ne sais pas ce que tous ces bouquins et tous ces gens apportent véritablement de bon en parlant comme ça. Peut-être que quand on est encore autant énervé contre le genre humain, ce n'est pas le moment de vouloir soi-disant "transmettre" ou "enseigner", parce que l'on ne fera que mélanger des choses vraiment utiles avec son propre agacement, et ses propres exigences, besoins qui ne sont pas nourris et qu'on exprime finalement, au travers de tout ce qu'on dit.

    Et je ne parle pas des pratiques qui transmettent de manière dogmatiques, comme s'il ne fallait surtout pas réfléchir mais être un béni-oui-oui aveugle qui ne peut pas remettre en cause "l'enseignement". Suivre aveuglément des choses apprises sans les questionner, pouvoir les confronter, et donc les défendre réellement, en ayant exploré leurs fondements profonds et en sachant réellement pourquoi on les défend, suivre aveuglément ne peut pas vraiment aider d'autres personnes à gagner liberté, discernement et épanouissement d'être.

    Pour ce qui me concerne, les gens qui "transmettent" je n'en fréquente plus, j'en ai quasiment pas connu un seul qui avait assez d'humilité et de respect des autres pour finalement aider pour de vrai. Et les bouquins quand vraiment j'en ai besoin comme pour apprendre une pratique qui a une réelle technique à respecter (le yoga par exemple), j'en fait des confetti : je découpe ce qui m'est utile, je le récupère dans une création personnelle où je peux agencer les choses pour apprendre réellement, en ayant éliminé tout ce qui relève du jugement des auteurs, ou de leurs propres projections, frustrations ou que sais-je, parce que tout cela ne me concerne pas et que je n'ai pas à me le laisser imposer.

    A une époque, je pensais vraiment que les gens qui transmettent une discipline avaient quelque chose de très "pur", forcément, et que ce qu'ils disaient avait forcément à voir avec la pratique elle-même. Mais c'est clair pour moi désormais que tout ce qui émane d'un être humain, quelle que soit sa bonne ou moins bonne volonté d'ailleurs, doit être passé au crible du discernement, de mon ressenti personnel et mon expérience, et clairement trié parce qu'aucun être humain (surtout pas ceux qui le prétendent) ne véhiculent telle quelle une vérité absolue ou une pratique totale et vraie pour tous.

    Même quelqu'un qui a des années de pratique quelle qu'elle soit n'a pas pour autant de légitimité à se croire au-dessus des autres ou à croire qu'il a atteint la vérité et que ses agacements ne sont plus des agacements finalement mais l'expression de cette "vérité".

    Nous sommes tous égaux. L'expérience et le ressenti de toute personne a une valeur. Et avant d'écrire soi disant "pour transmettre" ou "pour aider", le minimum utile pour tous serait de prendre le temps de profondément faire le tour de ses projections, et être très honnête, clair, et ajusté dans pourquoi et comment on se place en "guide".

    Ca éviterait sûrement pas mal de pontifications qui n'apportent rien au moulin et qui peuvent vraiment faire du mal au passage à des gens qui cherchent simplement à avancer et à explorer des pratiques.