• Ecoute et respect

    Je médite et me reviennent tous ces gens que j'ai croisés, ou tous ces bouquins que j'ai lus, qui vous culpabilisent ou vous écrasent dès lors que vous êtes stressés, pas bien, pas "super zen comme il faut", et j'en passe.

    Je repense à tous ces gens qui manifestement ne sont pas "zen" du tout autant qu'ils le prétendent et qu'ils prétendent en faire la leçon, puisqu'ils sont visiblement exaspérés à entendre le moindre mal-être, la moindre douleur ou le moindre stress ressenti par une autre personne.

    Combien de fois j'ai carrément laissé tomber la lecture de bouquins, de différentes disciplines (yoga, qi gong, par exemple) parce que la pratique était carrément polluée dans la façon de l'expliquer par des jugements à peine voilés ou des espèces d'attaques globales, de certitudes balancées comme si tous les lecteurs étaient forcément des imbéciles ou des gens de mauvaise volonté qui "ne font forcément pas ce qu'il faut, hein, pour régler les problèmes de leur vie et pour aller mieux, d'abord".

    C'est tellement perceptible cet énervement ou cet agacement sous-jacent, cette absence de paix simple, qui est capable de laisser exister la personne en face sans pontifier, de se reconnaître potentiellement en elle, de reconnaître un lien humain y compris dans le stress, la difficulté, la vulnérabilité.

    Manque d'empathie, manque de respect, je ne sais pas ce que tous ces bouquins et tous ces gens apportent véritablement de bon en parlant comme ça. Peut-être que quand on est encore autant énervé contre le genre humain, ce n'est pas le moment de vouloir soi-disant "transmettre" ou "enseigner", parce que l'on ne fera que mélanger des choses vraiment utiles avec son propre agacement, et ses propres exigences, besoins qui ne sont pas nourris et qu'on exprime finalement, au travers de tout ce qu'on dit.

    Et je ne parle pas des pratiques qui transmettent de manière dogmatiques, comme s'il ne fallait surtout pas réfléchir mais être un béni-oui-oui aveugle qui ne peut pas remettre en cause "l'enseignement". Suivre aveuglément des choses apprises sans les questionner, pouvoir les confronter, et donc les défendre réellement, en ayant exploré leurs fondements profonds et en sachant réellement pourquoi on les défend, suivre aveuglément ne peut pas vraiment aider d'autres personnes à gagner liberté, discernement et épanouissement d'être.

    Pour ce qui me concerne, les gens qui "transmettent" je n'en fréquente plus, j'en ai quasiment pas connu un seul qui avait assez d'humilité et de respect des autres pour finalement aider pour de vrai. Et les bouquins quand vraiment j'en ai besoin comme pour apprendre une pratique qui a une réelle technique à respecter (le yoga par exemple), j'en fait des confetti : je découpe ce qui m'est utile, je le récupère dans une création personnelle où je peux agencer les choses pour apprendre réellement, en ayant éliminé tout ce qui relève du jugement des auteurs, ou de leurs propres projections, frustrations ou que sais-je, parce que tout cela ne me concerne pas et que je n'ai pas à me le laisser imposer.

    A une époque, je pensais vraiment que les gens qui transmettent une discipline avaient quelque chose de très "pur", forcément, et que ce qu'ils disaient avait forcément à voir avec la pratique elle-même. Mais c'est clair pour moi désormais que tout ce qui émane d'un être humain, quelle que soit sa bonne ou moins bonne volonté d'ailleurs, doit être passé au crible du discernement, de mon ressenti personnel et mon expérience, et clairement trié parce qu'aucun être humain (surtout pas ceux qui le prétendent) ne véhiculent telle quelle une vérité absolue ou une pratique totale et vraie pour tous.

    Même quelqu'un qui a des années de pratique quelle qu'elle soit n'a pas pour autant de légitimité à se croire au-dessus des autres ou à croire qu'il a atteint la vérité et que ses agacements ne sont plus des agacements finalement mais l'expression de cette "vérité".

    Nous sommes tous égaux. L'expérience et le ressenti de toute personne a une valeur. Et avant d'écrire soi disant "pour transmettre" ou "pour aider", le minimum utile pour tous serait de prendre le temps de profondément faire le tour de ses projections, et être très honnête, clair, et ajusté dans pourquoi et comment on se place en "guide".

    Ca éviterait sûrement pas mal de pontifications qui n'apportent rien au moulin et qui peuvent vraiment faire du mal au passage à des gens qui cherchent simplement à avancer et à explorer des pratiques.