• Libérer la parole

    Cette rubrique porte bien son nom donc je ne détaille pas plus, les articles seront assez clairs je pense. 
    Une sous-rubrique rassemble des textes spécifiquement dédiés à des récits sur les thérapeutes, ou assimilés, souvent assimilés justement, même ceux avec une belle plaque officielle et estampillée formation d'état. Quant aux autres..... hum. Ben vous verrez si vous lisez. 
  • Si je démonte aussi radicalement cette soi-disant "méthode empathique" c'est que je considère qu'elle est parmi les faux espoirs et les mensonges les plus criants des sphères actuelles du "développement personnel", et de la pseudo-bienveillance teintée de jugement que l'on voit proliférer de partout dans le monde occidental.

    La CNV récupère des éléments de psychologie, notamment sur l'existence des besoins psychiques, en prétendant en devenir LE spécialiste de notre époque, alors que bien souvent ces besoins sont foncièrement incompris voire même piétinés en renvoyant en permanence la personne à elle-même alors qu'il y a une nécessité de reconnaissance réelle, claire, sans équivoque ou chichis et sans moralisation. C'est à dire une reconnaissance humaine profonde, basée sur la compassion.

    Prétendant apporter de l'empathie, la CNV fait exactement l'inverse par exemple dans les cas de violence, en ne comprenant strictement rien à l'état de la personne qui en a été victime, et en lui "apportant" cet espèce de truc froid, relativisant de par la manière dont cette "écoute" des besoins s'exprime.

    Il y a notamment un gros problème vis à vis de la reconnaissance des droits individuels. Dire à une victime de viol "ah tu te sens gnagnagna parce que tu as besoin de.....", c'est d'une bêtise monstrueuse, et d'une inhumanité crasse. Déjà sur le ton, la froideur, etc. Mais en plus sur un plan de simple reconnaissance des droits de l'homme, c'est monstrueux. Toute personne a DROIT au respect de son intégrité physique et à disposer librement de son corps. Ce besoin est si fondamental, si important pour les êtres humains, qu'au fil des générations et de l'évolution du respect des individus, il a été inscrit en tant que droit fondamental. Il en est de même pour l'égalité, ou la liberté d'expression, selon les pays évidemment.

    Bêtifier tout cela en mode "gentil petit développement personnel occidental" est donc non seulement idiot et bas de plafond, mais en plus grave sur un plan civique, et pour la progression de la prise en compte des droits humains ("besoins" fondamentaux, si l'on veut absolument utiliser ce vocabulaire, érigés en droits inaliénables).

    Donc en prétendant prendre en compte les "besoins" des personnes, les CNVtisants dans un certain nombre de cas, marchent purement et simplement dessus.

    A mon sens, ceci vient notamment de l'espèce d'orgueil démesuré de toute méthode qui se prétend "meilleure que tout le monde", et qui prétend agir en marge de tout ce qui existe déjà.

    Si les pratiquants de la CNV avaient vraiment envie de contribuer à un monde meilleur, à un respect profond des droits et des aspirations des personnes, ils pourraient oeuvrer main dans la main avec tout ce qui existe déjà, tous les gens qui se battent déjà au quotidien pour faire avancer des causes, pour faire avancer la reconnaissance des violences et des inégalités, etc. Il y a pas mal de gens qui se crèvent le c.l dans le domaine social ou humanitaire, pour défendre les victimes de violences. Apporter son concours à tout cela témoignerait d'une réelle aspiration à aider plutôt que se faire mousser ou professer du bisounours déconnecté de la réalité.

    Mais ça n'est pas vraiment ça qui arrive. Et globalement on est plus proche de ce grand fantasme de "un monde en paix", leitmotiv des concours de miss, que d'une acceptation réelle du monde comme il est en y faisant progresser un certain nombre d'aspirations et de "mieux", sur de nombreux plans.

    Que l'idéal, le but ultime, ait une importance, je ne dis pas le contraire, et bon nombre d'entre nous, CNV ou non, seraient fort heureux de vivre dans un monde en paix. Evidemment. Mais aspirer à la paix ne donne pas le droit de nier ou se déconnecter de tout ce qui n'en est pas. Au contraire même je dirais.

    Pour ce que j'ai pu en constater, un certain nombre de gens faisant la "CNV" vont même jusqu'à être déconnectés de choses pourtant assez "banales", comme le monde du travail classique par exemple, avec toute la violence et les difficultés qu'il comporte, donc ils ont beau jeu de vous faire la morale avec leur air compassé "moi je suis bienveillant, toi tu es un pauvre caca qui juge tout le monde, tu as pas encore compris, je vais t'apprendre". C'est facile de se dire que "y'a qu'à", quand soi-même on n'a jamais à faire à un patron à la con, à une hiérarchie agressive ou méprisante, à des horaires de travail épuisants qu'on est obligés de garder pour ne pas perdre son boulot, etc.... C'est facile.

    Et cette observation rejoint une observation que j'ai faite petit à petit en quittant le monde du "développement personnel", c'est que la plupart des gens là-dedans sont entre eux, y compris au niveau "professionnel". Les "coachs" forment de nouveaux "coachs" qui eux-mêmes vont aider des gens à trouver une "reconversion professionnelle dans le développement personnel", etc etc. Et au-delà de l'aspect livres, consultations etc. qui vient toucher aussi des gens qui sont beaucoup plus dans un monde réel et qui cherchent ponctuellement des solutions à leurs soucis, cela crée comme une espèce d'économie parallèle, qui s'auto-alimente, avec ses règles bisounours, et tous les mensonges qui vont avec.

    Il est donc totalement inutile de parler à ces gens de problèmes réels, ça ne les intéresse pas, et l'on risque surtout de se faire casser encore un peu plus. Dans le "développement personnel", extrêmement dérivé et influencé par le new age, "tu n'as pas de vrais problèmes, soit c'est de ta faute quelque part, soit c'est une question de perception".

    Ben oui, finalement, quand on vend du "conseil" à 50 balles de l'heure en ayant toujours un vivier de nouveaux clients parce qu'on surfe sur un phénomène global, que donc on bosse bien tranquille chez soi, pas de stress, pas d'heures de pointe, pas de petit chef ou de problème économique, c'est sûr, la vie c'est cool.

    Il y a une chose qui est certaine, c'est que si tout le monde faisait comme eux, suivant leurs magnifiques conseils, ils n'auraient plus grand chose à manger ni à se mettre sur le dos, parce que question productivité, c'est nullissime. Et ceci même sans verser dans une quelconque vision super-économique du monde. Juste en prenant en compte, justement, les besoins fondamentaux, manger, se vêtir, avoir une maison, tout ça.

    On peut vendre du conseil, c'est à dire quelque chose qui ne produise pas de matière ou de concret, mais si c'est le cas on a le devoir moral de s'assurer que c'est en lien avec la réalité, et non une simple fuite personnelle pour se mettre à l'abri d'un monde qui ne nous convient pas. Ne serait-ce que par respect pour les gens qu'on prétend "conseiller" ou "écouter".

    Et aussi par respect pour les autres, autour, qui n'ont pas le luxe de pouvoir, eux, suivre cette échappatoire ou qui se prennent en revers cette condescendance dégueulasse en plus de leurs éventuelles difficultés.

     


  • Disons le clairement, je pense que la self-called "CNV" développe une insensibilité cachée sous des dehors affables.

    Je ne crois pas m'être jamais sentie aussi seule que face à des gens qui faisaient de la CNV et qui soi disant "écoutaient", "entendaient", auto-proclamé là-aussi.

    Certainement c'est à la personne écoutée de dire si elle se sent entendue dans ce qu'elle a dit, pas à celui qui écoute. Savoir rester à sa place, ça évite les conneries monumentales.

    Du moins à part face à des gens qui clairement ne m'écoutaient pas et s'en foutaient ou rejetaient ce que je disais, de manière plus ou moins franche mais clairement visible.

    On ne peut pas, psychiquement, émotionnellement, avoir de l'empathie sincère pour tout le monde tout le temps. C'est humainement impossible vu l'état de ce monde. Donc il y a un faux semblant et une tromperie quelque part. On le sent quand on se fait foutre à distance par un espèce de "ok on est pas d'accord blablabla", bien calme, on le sent quand l'autre refuse d'entrer dans le contact, dans la relation, tout en refusant aussi d'être juste clair dans son "va te faire foutre".

    On le sent quand on a à faire à quelqu'un de policé qui essaye d'écraser ce qui l'emmerde mais sans être vrai.

    Dans ce genre d'interaction atroce à vivre, il y a forcément un moment où la personne qui fait ça ne s'assume pas : parce que si elle ne veut pas être en relation, elle peut s'en aller et couper le truc clairement ; en assumant que potentiellement c'est dégueulasse et incohérent avec d'autres choses qu'elle a pu dire ou faire ; et si elle veut s'exprimer et répondre, elle peut le faire en assumant ce qu'elle veut, ce qu'elle pense et ce qu'elle dit quitte à ce que ça rentre pas dans les cases bien comme il faut soi disant.

    Etre vrai.

    C'est tellement le contraire de la CNV.

    La CNV prétend que l'on écoute, on accueille, toutes ses émotions. Mais ce n'est pas vrai dans la façon dont beaucoup la pratiquent. Certaines sont "justifiées" ou rejetées, comme si on avait besoin de justifier qu'on a le droit d'être colère. Mais quel est le problème et en quoi est-ce qu'un être humain devrait recevoir une approbation, une autorisation, pour être en colère quand quelque chose le heurte, le choque, voire lui fait clairement du mal ou l'attaque lui directement ?

    Quel est le problème en fait ?

    Pourquoi faut-il justifier et limite excuser ou mettre dans une méthode le "comment accueillir tout ça qui nous traverse ?";, plutôt que de juste l'accueillir, comme ça ?

    Pourquoi faut-il codifier, décortiquer, théoriser ou encore pire enseigner je ne sais quoi pour avoir le droit d'exister, s'écouter, se respecter et essayer de se comprendre tel que l'on est ?

    Et pourquoi au final, tout ça ressemble encore et toujours à une espèce de courses à qui aura l'air le plus épanoui, le plus super positif, le plus beau sourire colgate du monde à la fin de l'histoire ?

    Je suis fatiguée.

    Je me suis heurtée à des gens butés, bornés, dans la CNV aussi. Et toute leur méthode, leur pratique, ne les sauvaient pas du tout de cette fermeture bornée à ce que l'autre peut dire. Mais de leur part ce qui était encore plus dégueulasse, c'est qu'ils ne l'assumaient même pas clairement dans un rapport simple, direct et à égalité avec la personne en face.

    RESPECT. Le simple respect, sans chichis, sans blabla, sans condescendance évidemment. Ce qui manque le plus à la CNV (ou à une bonne partie de ses pratiquants, ce qui du coup revient malheureusement dans les faits plus ou moins au même).

    J'avais juste tellement qu'une envie à une époque de dire à cette personne en face qui cnvtisait tout le temps en essayant de répandre son truc partout ou en se croyant plus "avancée" que les autres : LAISSE MOI EXISTER, SIMPLEMENT, ET TU FERAS DEJA LA MOITIE DE TOUT TON TRUC COMPLIQUE LA ET CE QUE TU PRETENDS ATTEINDRE AVEC DES TAS DE THEORIES ET DE DOGMES.

    Y'a pas besoin de tout ça pour laisser les gens exister.

    Il y a juste besoin d'en avoir l'envie.

    Et si on est vraiment oppressé à un moment ou qu'on n'y arrive pas, s'occuper de soi pour voir ce qui se passe et ce qu'on a besoin de faire pour soi.  Ca peut ne pas nous convenir ; on peut être carrément révolté ; on peut avoir envie de gueuler ; on peut défendre ses valeurs et ce qu'on a dans les tripes ; mais on ne peut pas essayer de conformer à l'autre à soi en se faisant passer pour un non-violent et en se prétendant supérieur à lui parce que soi, "on n'est pas énervé, on gère tout ça très calmement et posément".

    Merde, un peu de vérité dans les rapports humains.

    La condescendance des pseudo-calmes-positifs, c'est vomitif.

    Parfois ce qu'on a en face de soi ça dépasse nos limites, en intensité, en souffrance. Parfois ça montre quelque chose qui est vraiment difficile à entendre. C'est pas une raison d'essayer de le faire taire ou le rationaliser, encore pire de le mépriser.

    Je ne crois pas que les gens qui font de la CNV apportent de l'harmonie et de la liberté d'exister. Je crois qu'ils veulent à un moment donné tellement de la paix qu'ils en font une dictature, d'une manière ou d'une autre, et qu'ils ne peuvent plus être en relation qu'avec des gens qui font comme eux parce que la réalité complète des autres, et tout ce qui peut dépasser, ils n'en veulent pas vraiment, ils le tolèrent au mieux, au pire ils essayent de l'étouffer en prenant des airs affables et sans perdre leur calme et leur super "joie de vivre ouaiiiis!".

     

     

     


  • Je préviens tout de suite je n'ai aucune réponse toute faite à cette question, si ce n'est toujours la même : ce qui aide à guérir c'est l'empathie, entre autres. Ecouter, respecter, ses émotions, ses sentiments, ses besoins, écouter et respecter sa douleur et l'accompagner doucement sans l'étouffer ou la faire taire, en faisant attention à soi.... pour moi tout ça est une base, mais je ne dirai jamais que c'est la "recette miracle", ni la solution absolue, parce que je ne pense pas qu'il y en ait. 

    Dans mon propre vécu de guérison ce que j'ai observé c'est que ma guérison était un mélange de ça, qui me semble commun à notre humanité disons, notre intériorité, pour qu'elle puisse s'exprimer, pour que chacun de nous puisse être, exister, et donc trouver ses réponses, ses besoins, hurler ses colères, pleurer ses douleurs, .... se permettre d'être aussi là-dedans, et d'être entier, vivant, vibrant... ; un mélange de tout ça donc avec aussi notre touche à nous. Ce que nous sommes. Nos besoins spécifiques. 

    Comme je l'ai dit quelque part, je crois que notamment nous nous soignons à partir de ce que nous sommes profondément, notre essence, ce qui nous anime, nos kiffs profonds, ce qui est nous, totalement nous, tellement nous que quand on le met en oeuvre ça a une force de ouf, ça nous soutient entièrement, on fait corps, et on est plus entier, plus solide. 

    C'est pourquoi je crois qu'il n'y a pas de recette miracle ou unique, parce que si je dis à quelqu'un ce que moi je fais pour me soigner, et si elle essaye de faire "la même chose", je suis pas sûre que ça marche pour elle, hormis l'aspect empathie et respect de soi qui n'est pas une méthode mais beaucoup plus une attitude envers soi à mon sens. 

    Ecouter, respecter ses besoins. Accueillir mes émotions.... oui tout ça. Mais quand de l'émotion jaillit ce grand besoin qui a été bouffé, et qui demande une aide, alors c'est ce besoin qui tracera la route de la suite. Donc personne à l'extérieur ni à l'avance ne peut dicter ce qui sera la "solution". 

    Alors cette introduction un peu longue pour dire que je n'ai pas de réponse à la question de ce qu'il faut faire pour guérir, dans l'absolu, à part qu'une bonne base de départ pour moi est le respect de soi, l'écoute, l'empathie. 

    Du coup, pour guérir, en particulier, des thérapeutes, je n'ai pas non plus de solution miracle. Mais ce n'est pas vraiment ça le sujet en fait. 

    La question que je pose là c'est : comment guérir des gens qui étaient censées être ceux qui aident à guérir ? 

    Bug. 

    J'ai passé beaucoup de temps déjà à me demander pourquoi il fallait guérir de ça, c'est à dire pourquoi des gens censés aider à guérir étaient en fait extrêmement blessants eux-mêmes et totalement inopérants en tant que "thérapeutes". 

    Mais au-delà de ça, comment guérir de ça, je dirais qu'on est obligé de se faire confiance et d'outrepasser clairement cette espèce de limite, de "privilège" posé là comme ça, qui dirait que les "thérapeutes" ont une compétence, un savoir, que nous-mêmes pauvre commun des mortels pas aguerris à toute cette psychologie, nous n'avons pas et donc dépendons de cette compétence pour guérir, nous sentir mieux intérieurement, comprendre sa propre vie, et se réparer, doucement, pour aller vers son bonheur et son mieux à soi, dans ce qu'on aime. 

    Les thérapeutes ne sont pas détenteurs d'un savoir, et clairement vu le nombre de branques dans leurs rangs, ben il y en a qui ne sont détenteurs que de leur propre connerie et leur manque de discernement déjà sur eux-mêmes. Quand on n'est pas capable de reconnaître (aux deux sens du terme : discerner et admettre, pour éviter de la faire porter à l'autre) ses propres projections, par exemple, on porte assez mal le titre de thérapeute, qui prétend aider les autres à prendre conscience d'eux-mêmes. 

    Ce titre ronflant est maintenant utilisé par un gros paquet de gens, dont certains se réclament de branches franchement fantaisistes, dans lesquelles même pas on essaye d'avoir une base un peu "scientifique". Chacun y va de sa petite théorie, sa manière de voir les choses, enfin bref, n'importe quoi. Le psychisme a quand même quelques bases importantes, et la posture thérapeutique aussi. 

    Oser dire merde est donc déjà, à mon sens, la première nécessité pour guérir et se préserver de thérapeutes dysfonctionnels voire carrément écrasants ou blessants. Oser dire merde est assez utile de toute manière pour guérir tout court et écouter sa propre voix. 

    Envoyer chier une branche entière instituée, ça demande d'aller puiser dans ses tripes, mais c'est faisable, en s'agrippant à soi en tant qu'être humain et en clarifiant la manière dont on ne veut pas être traité. Un thérapeute est un être humain, avant d'être un thérapeute. A ce titre, il n'a pas la science infuse, il n'est pas dieu, il peut avoir tort et il peut aussi être con (con pas sympa, ou con qui comprend rien). Ca arrive. 

    Il n'empêche qu'il reste cette p.tain de question lancinante : pourquoi faut-il donc se retrouver parfois à devoir guérir encore plus après le passage de gens qui étaient censés être des aides ? Y'a un sacré blème dans la profession....

     

     


  • Suite de ce très long article de remise en cause de la Communication Non-Violente, aka CNV. 

    J'ajoute quelques points à mon article précédent, dans la foulée, écrire me permet aussi d'avancer au fur et à mesure. 

    . Les besoins, tout le temps, gnagnagna. 

    Les besoins c'est important. Fondamental. Vital. Quelqu'un qui a été écrabouillé dans ses besoins généralement ne "va pas bien". (Après il peut sentir ou non qu'il ne va pas bien, c'est une autre question et ça appartient aux histoires individuelles). 

    Les besoins psychiques ont été reconnues par d'autres disciplines que la CNV, depuis longtemps. Et nous les sentons nous-mêmes, si nous sommes "connectés" à nous-même. Plus ou moins fort, par des "canaux" plus ou moins variés : envie, impulsion, élan, manque, et émotions bien entendu. 

    Donc écouter ses besoins, les respecter etc... c'est généralement profitable au bien-être, à la paix en soi, etc.

    La CNV va relativement loin dans l'idée de dire qu'à chaque instant on nourrit un besoin. Ok. Seulement, est-ce qu'on a besoin de tout le temps raconter ou même conscientiser quel besoin en particulier on est en train de nourrir là tout de suite ? Parce que si on s'y met comme ça, euh.... je pense qu'on ne va même plus bosser ni faire des courses, ou alors on met trèèèèèèèès longtemps à chaque fois pour faire quelque chose, parce qu'à chaque fois on va conscientiser c'est quoi le besoin gnagnagna. Et on peut s'en foutre aussi de savoir si on fait la vaisselle parce qu'on a besoin de propreté, d'ordre, ou de se débarrasser de la corvée pour être peinard (paix ? repos ? tranquillité ? .... on n'en sort plus au final...). 

    Contacter ses besoins ça aide beaucoup quand ils ne sont pas nourris. Ca fait aussi du bien de manière générale, parce que ça connecte à soi, donc un besoin nourri, un sentiment d'euphorie, de joie intense, c'est cool d'y être consciemment, de le vivre vraiment et de se "brancher" sur soi, son ventre, et jubiler quelque part de ce qui se passe, de ce besoin auquel on est connecté. 

    Mais il me semble, qu'on a aussi besoin de vivre, simplement. Pour ma part tout du moins, je n'ai aucune envie de passer mon temps à tout contacter, tout noter, et tout ça tout ça. 

    Après je dis pas que les pratiquants CNV font ça non plus àdonf, m'enfin j'en ai vu desfois archi bloqués sur "besoin besoin besoin", tout le temps. Et p.tain que c'est gonflant. Parce que ça devient obsessionnel. Et de plus, c'est envahissant. Quelqu'un qui est tout le temps centré sur ses besoins, euh.... comment dire.... centré dessus c'est "bien" hein, pour lui, tant mieux pour lui, mais si ça prend tout l'espace autour, euh.... c'est juste un peu nombriliste quoi. 

    Quand je fréquentais des gens dans la CNV, je crois que le mot "besoin" j'ai failli le prendre en grippe. 

    Heureusement que la réalité que ça recouvre est tellement profonde et riche qu'on revient vite dans ce qui est essentiel pour soi et on s'en fout que d'autres utilisent ça à tire larigot en obsessionnite aigue. 

    Mais vraiment, ça prend beaucoup de place cette recherche du besoin. 

    Et l'empathie ce n'est pas non plus que ça. L'empathie, encore une fois je vais surtout pas définir ce que c'est, mais je peux prendre des exemples : c'est aussi d'être avec son sentiment, ou une douleur intérieure, ou un ensemble de ressentis, desfois on pas tout le compte de tout le détail, mais être avec soi, dans son coeur en quelque sorte, s'écouter, s'accompagner, être connecté à ce qu'on sent, tout ça n'est pas une dénomination en besoins, et parfois quand on cherche absolument les besoins, on est bloqué, parce qu'on essaye de forcer notre réalité à aller dans ce sens. Desfois ça émerge pas tout de suite, desfois y'en a plein et c'est trop intense, etc... y'a plein de cas, déjà dans mon vécu alors dans l'absolu j'imagine qu'il y en a encore plus plein. 

    "Besoins besoins"... ouais. Mais à s'auto-interroger tout le temps et incessamment, on peut se faire violence involontairement. S'écouter pour moi c'est aussi écouter ce qui se passe, simplement. Sans grille, sans cases, et j'ai déjà évoqué ce côté "cases" qui ne me va pas du tout dans la CNV. Je trouve que ça ne respecte pas du tout le psychisme et la liberté. 

    . J'en viens à mon deuxième point, en lien avec ce que je disais sur "tout le temps mettre ça en application et en parler tout le temps". 

    Dans la continuité de ça, je vais dire un truc en douceur si possible mais je vais le dire quand même. En douceur parce que clairement nous sommes beaucoup à être passés par là, donc c'est pas la peine de stigmatiser ça, c'est aussi l'innocence et l'enthousiasme de la découverte. Seulement desfois c'est vraiment très chiant. 

    Donc voilà : la CNV, au travers de l'auto-empathie, permet d'accéder si on le fait vraiment à une introspection. Pour certaines personnes qui n'ont jamais spécialement "bossé sur elles", et qui arrivent directement dans la CNV pour un tas d'autres raisons (parce que la méthode n'attire pas forcément le même public que ceux qui vont voir un thérapeute, ou ceux qui s'introspectent depuis l'enfance, parce qu'il y a la notion de communication, de résoudre les conflits, des objectifs assez opérationnels aussi pour certains sans doute...), donc pour certaines personnes la CNV c'est découverte de l'empathie + découverte de l'introspection. 

    Et là, vous me voyez venir, vous avez ce truc ultra chiant des gens qui découvrent quelque chose et qui croient qu'ils sont les pionniers, alors que.... euh.... ils ont mis le pied sur une terre qui a été découverte y'a bien longtemps avant eux. Un peu le gars qui par un beau jour d'hiver arrive, miracle, en Amérique en bateau. Terre, terre ! Et ensuite il rentre chez lui, et là il bassine tout le monde avec le nouveau pays qu'il a découvert, que c'est génial, que TOUT LE MONDE devrait y aller, "tu sais travailler sur soi c'est vraiment important moi je viens de le découvrir et bla blabla et blabla et....". 

    Ils sont mignons. Oui ça m'énerve donc je suis un peu ironique. 

    Ils se rendent juste pas compte que si, pour eux, l'introspection est genre le nouveau skeud à la mode qui déchire sur toutes les radios et tu devrais écouter mec franchement ça change ta vie, ben.... y'a des gens qui y sont depuis longtemps, dans l'introspection. Et c'est pas forcément peint sur leur gueule. Ils racontent pas leurs "états d'âme" (au sens propre et non au sens ironique cette fois), les états de leur âme, tout le temps, à tout le monde, en expliquant leurs avancées etc. 

    Desfois on met longtemps avant de se rendre compte qu'une personne "bosse sur elle", parce qu'en plus ça a tellement de formes différentes que ça veut pas non plus dire grand chose. Mais disons : qu'une personne se connaît bien y compris dans ce qu'elle ne connaît pas forcément, qu'elle s'assume, est autonome intérieurement et peut être claire, dans ce qu'elle veut, ce qu'elle ne veut pas, ce qui la touche, ce qui lui va ou non etc..... et j'en passe. 

    Donc les petits jeunots foufous (quel que soit l'âge réel) qui viennent pour t'expliquer d'un ton parfois juste super excité, parfois très condescendant, que "tu vois l'intrôspectioooooon c'est ce qui maaanquait-àma viiiie. C'est-exxxxxtraordinaiiiire cequ'on découuuuuvre sur soiiiii... parce que tu saiiiis... on ne se connait pas vraimeeeeeent en fait.....". Et toi, de l'écouter le mec ou la fille en tambourinant des doigts sur la table style il m'énerve celui-là avec ses airs de jeune cadre dynamique qui a redécouvert l'Amérique....

    Je l'ai fait ça, donc je peux en parler avec encore plus d'humour, et je me souviens très bien à quel point je percevais desfois des réactions de profond énervement. Seulement personne ne disait jamais rien. C'est assez dommage d'ailleurs. 

    Donc moi je le dis, parce que ça me soule, ça peut servir, et en plus ça concerne aussi cette remise en cause, pour le coup non de la technique mais des néo-pratiquants de la CNV qui s'imaginent qu'ils sont tombés dans le seul courant qui fait travailler sur soi. 

    Bon. 

    Ceci étant dit, je continuerai une autre fois encore ces remarques sur la CNV, il est tard. 

     


  • J'ai mis longtemps avant d'écrire cet article. Très longtemps. La CNV paraissait tellement le graal. La foutre aux chiottes ? avec ce que "ça" m'avait apporté pour me sauver la vie ? 

    Sauf que ce n'est pas la CNV qui m'a sauvé la vie. C'est l'empathie. 

    Et non seulement la CNV n'a ni le monopole de l'empathie, ni celui de la bienveillance, mais en plus les gens qui la pratiquent s'écartent bien souvent de l'empathie réelle, simple et sincère. 

    A force de tout codifier, on en perd le sens, l'essence et le fondement. 

    A force de se forcer et se contrôler, on n'a plus d'empathie réelle pour personne, on anonne ce truc soi disant fabuleux et parfait qui enferme les relations, les interactions, les échanges, dans un faux dialogue pas naturel ni authentique du tout. 

    On refuse à l'autre le droit d'être authentique et de ne pas entrer dans le moule et les cases. 

    Et dans le cas le plus pourri, on lui fait penser quand il se rebelle que c'est lui qui est moins évolué, et qui a moins de conscience de la vie et des relations. 

    La CNV et ses pratiquants savent très bien marcher sur les autres quand ça leur va, se réclamant d'un principe de non-violence qui selon comment il est compris et appliqué véhicule une énorme violence en réalité. 

    . Le fondement de l'empathie est l'accueil de ce qui est. 

    En ce sens, l'empathie (en soi, je ne parle même pas des autres là, restons simple et arrêtons de vouloir sauver tout le monde et faire les petits sainst sur terre), est une force soutenante de ce que nous sommes, assez incomparable. Etre, laisser être ce qui est. 

    Seulement le premier écueil de ça, c'est quand on se force à accueillir ce qui est c'est à dire en l'érigeant en principe et en loi. 

    Inversement, le deuxième écueil de ça, c'est quand on se dit "ah ok bon ben y'a rien à forcer, rien à foutre alors, tout ce que je suis et je fais est parfait parce que mon principe premier, c'est d'accueillir comme c'est". 

    C'est du grand n'importe quoi. Les deux. 

    Quand il y a un jugement sous-jacent, l'empathie ne peut pas fonctionner. On peut pas se forcer. 

    Et ce qui est c'est le jugement. 

    On peut décoder le jugement, doucement et sans forcer. 

    Mais pour ça il faut déjà le reconnaître. En reconnaître l'existence. 

    Et quand on fait tout ça on n'est pas dans un processus d'expression naturelle, on ne peut ni communiquer (à moins de pouvoir partager ce décodage du jugement), ni être clair avec soi. 

    La CNV, ou ses pratiquants, passent leur temps à dire "c'est pas grave. C'est ok que tu sois comme ça". Mais putain qu'est-ce que c'est gonflant cette espère de tolérance fabriquée en permanence. Parce que le problème c'est que si on était sûr que c'est sincère, le fondement de ça est chouette, "accueillir ce qui est". Mais il y a trop de biais et de distorsions dans leur processus et la manière dont des gens mettent ça en oeuvre en croyant en plus avoir la science infuse après trois stages de CNV. 

    Putain qu'est-ce que c'est gonflant. 

    . La phase "ouais c'est génial ce truc je vais le faire faire à tout le monde", on peut la traverser pour n'importe quoi, je me souviens d'un bouquin de Jung qui racontait que tous ses patients passaient à un moment par cette phase de vouloir amener tout le monde en psychanalyse, parce que cette euphorie de ce que ça nous apporte se projette dans tout : on a trouvé le graal, on veut que tout le monde y goûte, enfin bref, on devient un gros chiant qui essaye de rallier tout le monde à sa crèmerie. 

    Seulement normalement ça PASSE. Parce qu'on s'en rend compte, et parce que si ça part d'un bon sentiment de partage réel, quand on se rend compte que ça bloque tout, que les gens en ont marre ou qu'ils commencent à dire "ouais bon ça va, je fais ce que je veux aussi", alors on se réveille et on se dit que ce qui compte surtout c'est quand même l'autre, et ses besoins, son chemin, sa liberté, et que ben ouais..... il n'y a peut-être pas dans tout l'univers que "ce truc merveilleux qu'on fait et qui nous apporte tellement". 

    Cela dit sans cynisme envers soi. Mais je pense que beaucoup de gens sincères ont passé des phases comme ça, et se reconnaîtront très bien dans ce que je dis là, chacun avec sa tonalité propre bien entendu. 

    La CNV pose un gros problème de ce point de vue, parce qu'elle véhicule elle-même le fait qu'il faudrait convertir tout le monde. Donc elle entretient ce penchant classique à vouloir partager tout tout le temps avec tout le monde parce que c'est génial ce qu'on a découvert. 

    Et elle justifie cela par des choses qu'il est difficile dans un premier abord de critiquer ou remettre en cause, parce que ça renvoie à des choses qui sont "incriticables" a priori, des besoins déjà, qui sont érigés en justificateurs de tout chez certaines personnes qui pratiquent la CNV, et des besoins qui ont une connotation "positive" de plus. Positif veut pas dire grand chose, je sais, et je suis la première à dégueuler ces notions de "positif et négatif", d'où les guillemets et le fait que le mot qualifie la connotation (donc un truc faux, de toute façon). 

    "Partage", "aide", "contribution", etc.... mais comment jeter la pierre à des gens comme ça ? à tous ces gentils bisounours qui veulent sauver la planète avec leurs bonnes intentions et qui vous proposent une méthode reine pour ça ? Enfin bon sang, êtes-vous des monstres ou quoi ? 

    On peut vraiment être pris en tenaille face à ça. Si on a un penchant assez "altruiste" de base, je détaille pas des tonnes pour pas alourdir mais j'espère que ça ne choquera personne cette expression et ça veut pas dire que les autres sont des méchants égoïstes. On est un peu bisounours à sa façon aussi quoi. On veut changer le monde, sauver les gens, aider, etc. C'est pas péjoratif comme je le dis même si c'est un peu caricatural. Je suis comme ça donc je sais aussi un peu de quoi je parle. Alors face à la CNV on peut dans un premier temps avoir une grande appétence pour cette idée, cette méthode, cette panacée universelle qui semble résoudre comme par miracle tous les conflits intérieurs (pour les conflits extérieurs, c'est une autre affaire, j'en reparlerai je ne sais pas quand, dans cet article ou un autre). L'empathie, que véhicule la CNV entre autres, quand elle est bien appliquée, est un processus extraordinaire, comme je disais plus haut. Je reparlerai sûrement de ça à d'autres moments, donc je vais rester pour le moment concentrée sur la CNV, qui n'est pas l'empathie, même si certains de ses partisans aiment à croire et à dire qu'ils sont les seuls à faire de l'empathie et qu'ils sont plus conscients que tout le monde autour. 

    Mais au-delà de cette grande aide qu'est l'empathie, et l'auto-empathie, ensuite les problèmes commencent quand on met un pied de plus dans le dogme de la CNV. 

    Il s'agit bien d'un dogme : "Un dogme est une affirmation considérée comme fondamentale, incontestable et intangible formulée par une autorité politique, philosophique ou religieuse."

    On est ici dans le cas d'une "autorité philosophique", enfin des trois c'est la seule qui s'en rapproche. Même si, (les oui-oui qui me liront peut-être là vont s'en donner à coeur joie de se dire que c'est mon méchant CHACAL qui parle là ; ou même encore pire, que il est pas méchant pon chacal, c'est OK que je sois en colère !!! ..... Mon Dieu, préserve-nous de cette me.de pontifiante et hypocrite je t'en supplie), certains pratiquent la CNV comme une religion. 

    Laisser aux autres le droit de penser différemment, et de penser tout court, est une base fondamentale du respect du libre-arbitre, et de la personne humaine. Ca fait partie des droits fondamentaux que l'on inscrit dans des constitutions, des manifestes, des déclarations de l'homme et du citoyen : le droit à disposer de soi-même, à rechercher le bonheur, à penser librement et s'exprimer. 

    Donc quand la CNV explique, que pour changer le monde en un monde plus juste, il faudrait qu'il y ait une "masse critique" de gens qui pratiquent la CNV, ............ ça ressemble énormément à de l'évangélisation sans se questionner sur le fait que son dogme soit ou non bon pour tout le monde. C'est bon pour soi = c'est bon pour les autres, c'est bon pour le monde. 

    Waw. Dictatorial, pour le moins. 

    J'aime ma liberté de penser, j'aime ma liberté d'agir, j'aime ma liberté de dire fuck ou de ne pas dire fuck, de le dire gentiment ou pas gentiment, de respecter mes propres valeurs, mes propres principes, de réfléchir par moi-même, faire confiance à mon bon coeur ou mes tripes, mes valeurs d'être humain, écouter ce qui me fait vibrer et avoir un champ d'investigation ouvert pour ma vie entière sans que l'on m'ait enfermé et bouché le monde à des perspectives prémâchées pour moi selon des codes écrits par un mec qui avait besoin de paix et d'empathie sur terre. 

    Moi aussi j'ai besoin de paix et d'empathie sur terre, et dans ma vie. 

    J'ai pas pour autant écrit une méthode miracle que les autres devraient suivre. 

    . L'empathie et la conscience des besoins n'appartient pas à Marshall Rosenberg. Lui le savait. Ses partisans pour certains j'en suis moins sûre.

    "Marshall a dit que blablabbla". C'est comme ça qu'il faut faire parce que "Marshall a dit".

    Et si Marshall avait dit qu'il fallait se scarifier les poignets, ou se jeter sous un pont pour être heureux, ils l'auraient sans doute fait aussi, non ?

    L'empathie est quelque chose de tellement puissant dans la paix qu'elle apporte que l'expérimenter au travers d'une méthode codifiée crée une illusion d'une part d'avoir le droit d'aller proposer voire imposer ça à l'autre ; d'autre part que la méthode (la CNV) et l'empathie elle-même sont la même chose. 

    L'empathie n'est pas CNV. 

    C'est beaucoup plus riche et simple que ça. 

    Je vais pas épiloguer là-dessus justement parce que je ne vais sûrement pas commencer à essayer de décortiquer ce qu'est l'empathie à l'instar des bisounours obsessionnels qui sont tellement centrés sur leur "processus empathique" qu'en fait la personne réelle disparaît et seul le processus compte. 

    Pour faire du bien à quelqu'un avec de l'empathie, il faut que ça soit sincère. Et quand on est sincère, ça peut faire du bien même avec des mots tout simples et pas estampillés Marshall Rosenberg. 

    Pour faire du bien à quelqu'un avec de l'empathie, il faut écouter vraiment, au lieu de passer son temps à décortiquer ce qu'il dit selon la grille CNV de sentiments besoins gnagnagna, en plus en y ajoutant ses propres projections que l'on prend pour une compréhension profonde grâce au lien empathique. Quel lien ? quand on est enfermé dans sa tête à traduire au lieu d'écouter ce que dit quelqu'un ? où est le lien ? l'autre  n'existe même plus ! il pourrait être un robot qui parle en continu ça serait pareil. 

    J'ai vu des gens dans la CNV se saisir littéralement des mots prononcés dans un échange spontané pour sans cesse répondre" ah ouais, t'as BESOIN de CA (= le mot prononcé). 

    Putain que c'est chiant, improductif, intrusif et con. 

    Allons-y. 

    Chiant : récurrent, pénible, lourdingue, systématique, sans fantaisie, prévisible, sans nouveauté, sans ce petit grain de fantaisie et d'ouverture dans l'échange qui fait qu'on s'enrichit et se nourrit d'échanger avec l'autre, ping pong verbal, avec du verbal et du nonverbal, sentiments qui circulent, affection, complicité, et diversses richesses de lien ... selon le lien qui rapprocheles deux personnes. 

    Improductif et con : ça ne sert à rien et ça se base sur une idée fausse qui est une méconnaissance de... je sais pas comment le nommer, la "comlexité" humaine, même si j'aime pas ce terme qui fait un peu "torturé" je trouve selon comment on le comprend. Pourtant c'est bien l'idée proche de ce que je veux dire. Pour avoir beaucoup, beaucoup, pratiqué d'auto-empathie, j'ai pu vérifier maintes fois qu'entre la forme, l'expression de ce qu'on dit, et les besoins profonds dessous, qu'on ressent clairement quand on les contacte parce que ça fait une sensation de "chaleur", de récupération de quelque chose, en soi, il peut y avoir d'une part de grosses différences, d'autre part des faux-amis. 

    Je vous en donne un exemple, tout concret tout chaud il est sinon réel du moins très réaliste : Il se trouve que j'exècre le bruit, et que je suis très perturbée par les bruits d'avion  notamment, que j'entends beaucoup plus que la plupart des gens (peu importe le pourquoi ici à ce stade c'est pas le sujet). Je pourrais tout à faire dire à quelqu'un "putain j'en peux plus de ces avions merdiques qui passent en permanence, j'en ai ras le bol je ne suis jamais en sécurité de savoir qu'ils peuvent passer tout le temps et que je peux rien y faire". (en gros hein, sans doute de manière plus spontanée). Madame CNV, une de celles que j'ai approchées, aurait réagi tac au tac "ah OUAIS, t'as besoin de SECURITE". Ouais.... et tellement persuadée d'avoir bien décodé. 

    Dans la vraie vie, quand j'exprime cette phrase, ce que je sens quand je me "connecte" intérieurement, (désolée je sais ça fait un peu jargon), quand je me branche quoi, que j'écoute mon ventre etque je m'écoute avec un calin intérieur, c'est que j'ai besoin de silence et de calme, profondément. Voilà de quoi j'ai besoin. 

    Alors elle avec ses déductions débiles permanentes, elle n'entend rien de ce que je dis vraiment parce qu'elle parle tout le temps, et elle "fait de la CNV" tout le temps. 

    Cette personne était caricaturale. Certes. Mais malheureusement elle n'est pas la seule, et de manières moins outrées mais tout aussi improductives j'ai vu le même genre de trucs chez d'autres. 

    On doit vérifier qu'on a compris les besoins de l'autre, et aussi savoir pourquoi on fait ça à tout bout de champ ! Il est où le lien spontané, simple, intelligent entre deux êtres, quand on fait ce schmbalambala permanent de "décoder", gnagnagnagnagna. 

    Je pense, et ça n'engage que moi, mais je l'ai un peu vérifié aussi pour moi quand j'ai eu ma période "CNVtisation" (sauf que moi j'ai jamais été si loin parce que j'avais juste pas l'énergie pour ça et je déteste trop les trucs systématiques sans remise en question), je pense donc que les gens qui font ça sont en fait eux en manque d'empathie, ils ont besoin d'empathie et comme ils n'en trouvent pas ou qu'ils ne s'en donnent pas, ben ils "font de l'empathie" tout le temps, avec les autres, ça leur donne peut-être la sensation de rester connecté à ce truc hyper nourrissant et apaisant. Mais du coup ils ne tolèrent pas la moindre contradiction, ils n'entendent pas les objections en face, et au final, l'autre n'existe pas tant que ça, parce que c'est pas lui qu'on écoute, c'est pas lui l'important, l'important c'est l'Empathie. Celle dont on a besoin en fait. Et qu'on ne se donne pas. 

    C'est une analyse peut-être gratuite, en tout cas qui n'est sûrement pas applicable à tous les gens qui anonnent de la CNV sans discernement. Mais je suis à peu près certaine qu'elle fonctionne dans un certain nombre de cas. 

    Cette digression mise à part sur mon expérience personnelle plus rapprochée des partisans CNV, je reviens à mes moutons "improductif et con". Donc c'est improductif parce que ça n'apporte rien à l'autre, vu qu'on est à côté de la plaque. Voire même ça plombe, etc etc.... et ça peut aussi appuyer sur des blessures, mais si en plus on est dans le cas de quelqu'un qui est persuadé de détenir le graal et d'avoir raison, je vous dis pas le massacre (ouais ça sent le vécu). 

    Pour finir, intrusif : parce que, de quel cul sort cette certitude universelle que tout le monde a envie que tous ses besoins soient 1. connus dès qu'il ouvre la bouche ; 2. mis sur la place publique sans consentement, et sans que ça soit lui qui le fasse parce que ça lui appartient. ?

    Hein ? de quel cul ? 

    Voilà. Pour terminer, un dernier point auquel j'ai pensé au début de l'article et que je ne veux pas oublier : 

    . La CNV hégémonique, que j'évoquais plus haut. Il y a un problème d'auto-référence. Je ne sais pas comment le formuler autrement. La CNV justifie sa certitude qu'elle doit se répandre partout... par des besoins qu'elle instaure et définit en fondements absolus et rois. Je ne dis pas que les besoins ne sont pas importants. Certainement pas. Je ne risque surtout pas de dire ça, si vous avez lu mon parcours, vous n'en aurez aucun doute, ni aucun doute sur ce que j'ai dit plus haut : que l'empathie elle-même, écouter et reconnaître, laisser être la réalité de ce qu'on vit intérieurement, est quelque chose qui n'a pas de prix pour moi, dans mon chemin vis à vis de moi-même et comme une des manifestations du respect profond qu'on peut avoir pour quelqu'un. (qu'on peut, et pas "qu'on est obligé"). 

    je pense très possible que Marshall Rosenberg, que j'espère ne pas trop idéaliser de ce fait, saisissait relativement bien les subtilités de sa propre pratique et le fait que la CNV n'était pas une fin en soi notamment. Que l'empathie était au-delà de ça, et que les besoins n'étaient pas des donneurs d'ordre incontestables. 

    Enfin j'espère. Parce que sinon, p.tain, ils avaient une drôle de gourou quand même, et on est mal barré si ça se répand encore. 

    Seulement on peut pas dissocier éternellement et totalement une méthode de la manière dont elle est appliquée et véhiculée notamment par le plus grand nombre de ses pratiquants. 

    Quand y'en a plusieurs d'affilée qui se justifient d'un positionnement sans réflexion prenant en compte la différence et l'autre, par leur propre méthode elle-même, ben.... moi ça me fait un peu peur. Surtout quand y'en a dans le lot qui ont une certaine aura, qui remportent une certaine adhésion, qui font du bien, notamment parce que l'empathie fait beaucoup de bien, surtout quand on en a gravement manqué. 

    Avoir besoin de partage et de contribuer n'est pas une raison suffisante pour affirmer que tout le monde devrait faire la même chose que sa méthode. On ne parle que de soi quand on fait ce raccourci. Et dans le monde il n'y a pas que soi. (oui je sais c'est désagréable dit comme ça, parce qu'on va me dire "mais c'est bêtifiant je le sais !!!!". Peu importe. Je me suis trop faite marcher dessus par des bisounours prétentieux et auto-justifiés pour avoir envie d'être délicate avec la grande famille des bisounours.) 

    En principe c'est la base de "partager et contribuer" justement. 

    Je ne suis pas une machine à satisfaire les besoins des gens qui font de la CNV et qui ont besoin de se sentir utiles et d'avoir l'impression qu'ils sauvent le monde. En ce sens je refuse profondément et catégoriquement que l'on affirme quelque chose qui m'inclut puisque ça parle carrément du monde entier au nom des besoins individuels de ces gens-là. 

    J'existe et j'ai droit au respect. Si ces espèces de crétins à plumes pailletées qui se croient supérieurs aux autres n'ont pas encore compris que la diversité est richesse et que l'empathie est d'abord une invitation à se comprendre soi et un chemin permettant de s'occuper de soi, eh bien la CNV, comme un tas d'autres méthodes avant elle et après elle, est assise sur un trésor dont elle n'exploite rien mais dont elle vante les mérites à chaque fois qu'elle ouvre la bouche. 

    . Je doute fort qu'un seul pratiquant de CNV soit arrivé au bout de cet article. Ou bien en survolant, ou bien en cherchant la rubrique commentaires pour m'en mettre plein la gueule de façon CNV. 

    Mais si c'est le cas, soyez bien tranquille, je suis pas dingue et j'ai assez donné, les commentaires sont fermés pour cet article, et j'assume totalement le fait que oui je vous en ai mis plein la tronche, et non je ne vous laisserai pas de droit de réponse en tout cas ici, chez moi. 

    Je lance un défi : si un seul partisan de la CNV est assez honnête et concerné pour essayer de comprendre ce dont je parle, non pas pour l'hégémonie de la CNV, mais parce que lui aussi il n'aime pas qu'on l'enferme et qu'on l'empêche de respirer et de s'exprimer, et parce qu'il est capable d'avoir la CNV comme un outil tout en en voyant les travers possibles et surtout ce qu'il ne faut pas en faire, il peut toujours me contacter par le formulaire. M'enfin j'en doute, puisque de toute façon la CNV ne répond pas, elle ne discute pas pour de vrai, elle décortique ce que dit l'autre pour l'apaiser et le calmer de force avec de l'"empathie" (vraie ou fausse), pour qu'il arrête de parler fort parce que c'est désagréable à entendre. 

    . Un autre jour je reviendrai sur d'autres aspects : le côté bobo, la déconnexion avec certaines réalités sociales notamment, etc etc. 

    Vous l'avez compris : la CNV et ses pratiquants m'ont fait énormément de mal, alors que j'y avais trouvé une première connexion à l'empathie, et qu'ensuite j'ai pris dans la gueule régulièrement à quel point en fait la majorité d'entre eux n'en font pas grand chose, et se noient dans un tas de trucs pourris, que le temps de s'en rendre compte, de s'en réveiller et de s'en dépêtrer, on est encore plus mal qu'on ne l'était avant alors que déjà j'étais pas en bonne forme du tout. Alors j'ai récupéré mon trésor, cet amour si simple de soi, qui laisse exister ce que l'on est, chose qui pour moi était si précieux, si fondateur, si doux et si soulageant, une force énorme pour ouvrir des portes de liberté totale intérieure, et juste être soi, chemin qui a un début, mais jamais de fin et m'apporte découverte sur découverte, cette reconnaissance de ce qui se passe en soi, les émotions, les besoins psychiques  profonds, l'écoute qui apporte les réponses parce que dans notre sincérité intérieure, en faisant le meilleur de nous, nous apprenons à être à trouver notre place, doucement, et même dans un monde de me.de et sans perdre espoir. 

    Donc j'ai récupéré le trésor, et je les ai laissés avec leurs filets coupants enchevêtrés d'obligations et de décrets sur "de quoi est constituée en fait cette réalité qu'on nous dit d'accueillir comme ça" ? hein ? c'est quoi la liste des besoins d'abord !! parce que quand même si j'ai pas la liste prédéfinie, je vais rien comprendre moi là-bas dedans." 

    Définir la liste des besoins qui sont en moi ? Allez vous faire foutre. Profond. Et quand vous en aurez marre d'être malheureux parce que desfois ce que vous ressentez, ce que dit votre être, ne rentre pas dans les cases qu'il a dit le monsieur........... eh ben, vous vous en irez, si vous osez vous écouter plutôt qu'écouter ce qu'il dit le monsieur. Ou pas, si vous voulez rester au chaud dans le cocon qui protège de tout puisqu'on redéfinit le monde dans sa tête. 

     





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