• CNV - la critique 2

    Suite de ce très long article de remise en cause de la Communication Non-Violente, aka CNV. 

    J'ajoute quelques points à mon article précédent, dans la foulée, écrire me permet aussi d'avancer au fur et à mesure. 

    . Les besoins, tout le temps, gnagnagna. 

    Les besoins c'est important. Fondamental. Vital. Quelqu'un qui a été écrabouillé dans ses besoins généralement ne "va pas bien". (Après il peut sentir ou non qu'il ne va pas bien, c'est une autre question et ça appartient aux histoires individuelles). 

    Les besoins psychiques ont été reconnues par d'autres disciplines que la CNV, depuis longtemps. Et nous les sentons nous-mêmes, si nous sommes "connectés" à nous-même. Plus ou moins fort, par des "canaux" plus ou moins variés : envie, impulsion, élan, manque, et émotions bien entendu. 

    Donc écouter ses besoins, les respecter etc... c'est généralement profitable au bien-être, à la paix en soi, etc.

    La CNV va relativement loin dans l'idée de dire qu'à chaque instant on nourrit un besoin. Ok. Seulement, est-ce qu'on a besoin de tout le temps raconter ou même conscientiser quel besoin en particulier on est en train de nourrir là tout de suite ? Parce que si on s'y met comme ça, euh.... je pense qu'on ne va même plus bosser ni faire des courses, ou alors on met trèèèèèèèès longtemps à chaque fois pour faire quelque chose, parce qu'à chaque fois on va conscientiser c'est quoi le besoin gnagnagna. Et on peut s'en foutre aussi de savoir si on fait la vaisselle parce qu'on a besoin de propreté, d'ordre, ou de se débarrasser de la corvée pour être peinard (paix ? repos ? tranquillité ? .... on n'en sort plus au final...). 

    Contacter ses besoins ça aide beaucoup quand ils ne sont pas nourris. Ca fait aussi du bien de manière générale, parce que ça connecte à soi, donc un besoin nourri, un sentiment d'euphorie, de joie intense, c'est cool d'y être consciemment, de le vivre vraiment et de se "brancher" sur soi, son ventre, et jubiler quelque part de ce qui se passe, de ce besoin auquel on est connecté. 

    Mais il me semble, qu'on a aussi besoin de vivre, simplement. Pour ma part tout du moins, je n'ai aucune envie de passer mon temps à tout contacter, tout noter, et tout ça tout ça. 

    Après je dis pas que les pratiquants CNV font ça non plus àdonf, m'enfin j'en ai vu desfois archi bloqués sur "besoin besoin besoin", tout le temps. Et p.tain que c'est gonflant. Parce que ça devient obsessionnel. Et de plus, c'est envahissant. Quelqu'un qui est tout le temps centré sur ses besoins, euh.... comment dire.... centré dessus c'est "bien" hein, pour lui, tant mieux pour lui, mais si ça prend tout l'espace autour, euh.... c'est juste un peu nombriliste quoi. 

    Quand je fréquentais des gens dans la CNV, je crois que le mot "besoin" j'ai failli le prendre en grippe. 

    Heureusement que la réalité que ça recouvre est tellement profonde et riche qu'on revient vite dans ce qui est essentiel pour soi et on s'en fout que d'autres utilisent ça à tire larigot en obsessionnite aigue. 

    Mais vraiment, ça prend beaucoup de place cette recherche du besoin. 

    Et l'empathie ce n'est pas non plus que ça. L'empathie, encore une fois je vais surtout pas définir ce que c'est, mais je peux prendre des exemples : c'est aussi d'être avec son sentiment, ou une douleur intérieure, ou un ensemble de ressentis, desfois on pas tout le compte de tout le détail, mais être avec soi, dans son coeur en quelque sorte, s'écouter, s'accompagner, être connecté à ce qu'on sent, tout ça n'est pas une dénomination en besoins, et parfois quand on cherche absolument les besoins, on est bloqué, parce qu'on essaye de forcer notre réalité à aller dans ce sens. Desfois ça émerge pas tout de suite, desfois y'en a plein et c'est trop intense, etc... y'a plein de cas, déjà dans mon vécu alors dans l'absolu j'imagine qu'il y en a encore plus plein. 

    "Besoins besoins"... ouais. Mais à s'auto-interroger tout le temps et incessamment, on peut se faire violence involontairement. S'écouter pour moi c'est aussi écouter ce qui se passe, simplement. Sans grille, sans cases, et j'ai déjà évoqué ce côté "cases" qui ne me va pas du tout dans la CNV. Je trouve que ça ne respecte pas du tout le psychisme et la liberté. 

    . J'en viens à mon deuxième point, en lien avec ce que je disais sur "tout le temps mettre ça en application et en parler tout le temps". 

    Dans la continuité de ça, je vais dire un truc en douceur si possible mais je vais le dire quand même. En douceur parce que clairement nous sommes beaucoup à être passés par là, donc c'est pas la peine de stigmatiser ça, c'est aussi l'innocence et l'enthousiasme de la découverte. Seulement desfois c'est vraiment très chiant. 

    Donc voilà : la CNV, au travers de l'auto-empathie, permet d'accéder si on le fait vraiment à une introspection. Pour certaines personnes qui n'ont jamais spécialement "bossé sur elles", et qui arrivent directement dans la CNV pour un tas d'autres raisons (parce que la méthode n'attire pas forcément le même public que ceux qui vont voir un thérapeute, ou ceux qui s'introspectent depuis l'enfance, parce qu'il y a la notion de communication, de résoudre les conflits, des objectifs assez opérationnels aussi pour certains sans doute...), donc pour certaines personnes la CNV c'est découverte de l'empathie + découverte de l'introspection. 

    Et là, vous me voyez venir, vous avez ce truc ultra chiant des gens qui découvrent quelque chose et qui croient qu'ils sont les pionniers, alors que.... euh.... ils ont mis le pied sur une terre qui a été découverte y'a bien longtemps avant eux. Un peu le gars qui par un beau jour d'hiver arrive, miracle, en Amérique en bateau. Terre, terre ! Et ensuite il rentre chez lui, et là il bassine tout le monde avec le nouveau pays qu'il a découvert, que c'est génial, que TOUT LE MONDE devrait y aller, "tu sais travailler sur soi c'est vraiment important moi je viens de le découvrir et bla blabla et blabla et....". 

    Ils sont mignons. Oui ça m'énerve donc je suis un peu ironique. 

    Ils se rendent juste pas compte que si, pour eux, l'introspection est genre le nouveau skeud à la mode qui déchire sur toutes les radios et tu devrais écouter mec franchement ça change ta vie, ben.... y'a des gens qui y sont depuis longtemps, dans l'introspection. Et c'est pas forcément peint sur leur gueule. Ils racontent pas leurs "états d'âme" (au sens propre et non au sens ironique cette fois), les états de leur âme, tout le temps, à tout le monde, en expliquant leurs avancées etc. 

    Desfois on met longtemps avant de se rendre compte qu'une personne "bosse sur elle", parce qu'en plus ça a tellement de formes différentes que ça veut pas non plus dire grand chose. Mais disons : qu'une personne se connaît bien y compris dans ce qu'elle ne connaît pas forcément, qu'elle s'assume, est autonome intérieurement et peut être claire, dans ce qu'elle veut, ce qu'elle ne veut pas, ce qui la touche, ce qui lui va ou non etc..... et j'en passe. 

    Donc les petits jeunots foufous (quel que soit l'âge réel) qui viennent pour t'expliquer d'un ton parfois juste super excité, parfois très condescendant, que "tu vois l'intrôspectioooooon c'est ce qui maaanquait-àma viiiie. C'est-exxxxxtraordinaiiiire cequ'on découuuuuvre sur soiiiii... parce que tu saiiiis... on ne se connait pas vraimeeeeeent en fait.....". Et toi, de l'écouter le mec ou la fille en tambourinant des doigts sur la table style il m'énerve celui-là avec ses airs de jeune cadre dynamique qui a redécouvert l'Amérique....

    Je l'ai fait ça, donc je peux en parler avec encore plus d'humour, et je me souviens très bien à quel point je percevais desfois des réactions de profond énervement. Seulement personne ne disait jamais rien. C'est assez dommage d'ailleurs. 

    Donc moi je le dis, parce que ça me soule, ça peut servir, et en plus ça concerne aussi cette remise en cause, pour le coup non de la technique mais des néo-pratiquants de la CNV qui s'imaginent qu'ils sont tombés dans le seul courant qui fait travailler sur soi. 

    Bon. 

    Ceci étant dit, je continuerai une autre fois encore ces remarques sur la CNV, il est tard.