• Liberté d'être

    J'étais - je suis - quelqu'un de très spontané.

    Mais avec le temps, et les claques dans la gueule, j'ai appris à ne pas dire pas mal de choses en dehors des personnes en qui j'ai confiance (parce que pas de jugement, de critique gratuite ou autres aigreurs que nombre d'humains se balancent à la figure).

    Ce n'est pas uniquement l'expression de ce qui "ne va pas" (pour résumer) qu'il m'a fallu protéger, mais aussi celle simple de la joie de vivre, parce que, même si ça paraît complètement aberrant et dingue, on peut aussi se faire casser, et méchamment, lorsqu'on est juste joyeux.

    Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas, qui ne pensent même pas semble-t-il, à prendre du recul sur leur agacement ou leur incompréhension, se dire que le fait que quelque chose les soule ou les perturbe n'est pas forcément une vérité absolue, peut-être juste une réaction personnelle, et que c'est pas une raison pour démolir la personne en face.

    Etc...

    En somme j'ai appris à me protéger des réactions essentiellement de projections ou de rejet, qui sont légion dans un paquet d'interactions humaines.

    J'ai eu ma dose, et j'en ai assez fait l'expérience, pour voir que discuter avec ça ne sert strictement à rien quand la personne en face ne veut pas relativiser son regard, ou entrer en vraie relation, écouter, ouvrir quelque chose. Je n'ai connu quasiment que ça dans ma famille, des deux côtés, et j'ai essayé à peu près tout et n'importe quoi pour péter ces murs de jugement, de catégorisation, et j'en passe. Rien n'y a fait, parce que rien n'y fait. On n'est pas dans la tête des gens et on n'a pas de pouvoir de les faire changer ce qu'ils pensent, et qu'ils vont soutenir mordicus et essayer d'y faire adhérer à la personne concernée sur elle-même.

    J'ai pensé que c'était surtout ma famille, qui me semblait un peu bizarre.

    Mais c'est assez général en fait. Ca se trouve un peu partout dès lors que quelqu'un n'a pas de recul et balance sans réfléchir tout ce qui la traverse (sans même réaliser que ça la traverse bien souvent...).

    Je n'aime pas beaucoup les humains après tout cela. Par effet de statistique disons. J'aime l'humain, mais je ne vois pas beaucoup de gens vivre et exprimer l'humain, dans leurs actes, leurs réactions, leur écoute, leurs paroles.....

    Au point de départ ça me chagrinait vraiment de ne pas pouvoir exprimer qui je suis sans cette vigilance selon les gens à qui je m'adresse. J'aime l'authenticité, la liberté, et je trouve ça tellement débile ces espèces de cloisons sclérosées sur le monde des émotions et de l'existence individuelle de chacun, que je ne voulais pas passer dans ce mode de protection.

    Jusqu'à ce que les blessures et les attaques régulières, de toutes formes, se soient assez empilées pour que je laisse tomber tout attachement aux relations, pour mettre en priorité mon intégrité, ma liberté et simplement moi. Pour pouvoir vivre. Si c'est avec certaines personnes, naturellement, tant mieux. Si c'est sans, tant pis.

    Et je ne le dis pas trop fort, parce que quand on défend son intégrité, en général y'a des gens qui ne le prennent pas trop bien. Il vaut mieux les laisser là où ils sont, pendant qu'ils continuent à critiquer, gnagnater et ne pas comprendre en plus pourquoi on n'a pas envie de les cotoyer...

    L'escargot-qui-veut-vivre